DEFI SOLIDAIRE POUR UN SOURIRE D\'ENFANT - Henry Bizot - Tocllaraju par sa face ouest

Samedi 21 Juin. Huaraz.

Météo : grand beau depuis mercredi.

Nous sommes revenus aujourd'hui à Huaraz, en raison d'un imprévu : Matias est malheureusement contraint, pour des raisons personnelles, d'arrêter l'expédition. Il faut donc trouver un partenaire, car je compte bien entendu la poursuivre, et en aucun cas seul. Cela ne devrait pas poser de problème, hormis qu'il pourrait s'avérer difficile de trouver quelqu'un qui accepte de sortir des sentiers battus. A voir...

Hier matin, nous étions sur l'arête nord ouest du Tocclaraju (6034 m).

Jeudi (j'ai du mal à me rappeler des jours !), avec Matias, nous sommes montés au camp avancé, à environ 5000 m d'altitude. Depuis le camp de base, nous nous sommes tout d'abord engagés sur un sentier en fond de vallée. Puis nous avons remonté un pierrier jusqu'au début d'une moraine bien enneigée. Une remontée sur la neige nous a permis d'atteindre, 2 heures environ après notre départ du CB (camp de base), un emplacement pour installer notre tente, sur la neige. Depuis le début de l'expé, pas de problème d'acclimatation.

Nous nous somme levés à 1h15 du matin, me concernant après une nuit sans sommeil, et avons quitté le camp à 2h15. Nous avons tout d'abord traversé le glacier sur une neige portante, louvoyé entre les crevasses, pour ensuite remonter une pente à 45 degrès qui nous a permis de rejoindre l'arête nord ouest du Tocclaraju. Sur l'arête, nous avons franchi un certain nombre de crevasses bien ouvertes, et avons atteint à 7h15, la base sommitale à un peu plus de 6000 mètres d'altitude.

Notre crainte, transmise par divers témoignages et le topo guide de référence en (1), s'est avérée réalité : la montagne défend, tout du moins en ce moment, l'accès à son sommet par une crevasse importante, inclinée à plus de 90 degrés, et en neige sans consistance caractéristique des Andes. L'ascension de la montagne s'arrête ici en ce moment.

Nous redescendons par le même itinéraire. Lors de la redescente, nous pouvons observer de près la face ouest de la montagne. La face semble en bonnes conditions, en glace avec des inclinaisons de 60 degrés à 70 degrès pour les 150 derniers mètres, bref attirante ! En revanche, l'arête sur laquelle elle débouche ne nous inspire pas. Elle paraît encombrée de séracs et de crevasses importantes, et certainement dans une neige sans consistance cf celle du sommet.

Nous atteignons le CB vers midi, après une longue halte au camp avancé. Manuel a préparé la traditionnelle infusion à la coca.

Nous sommes redescendus ce matin à Huaraz. Après ces quelques jours, ce qui me surprend, n'étant pas revenu dans la cordillère blanche depuis plusieurs années, ce sont les changements des conditions dans les montagnes : par exemple, j'ai appris que la "classique" voie Ferrari à l'Alpamayo n'était plus empruntée...

Je prévois de repartir lundi dans la montagne, le temps que l'on trouve une solution.

(1) . The Andes de John Biggar  : "The NW ridge is often blocked by a big crevasse… In some years, there is an impassible crevasse high in the moutain."